LE GRAND CARÊME: OFFICES ET SIGNIFICATION SPIRITUELLE
Le Grand Carême commence cette année le 3 mars. Il s’étend sur sept semaines avant la Sainte Pâque et comprend quarante jours de jeûne ainsi que la Semaine Sainte, qui précède la fête de la Résurrection du Christ. La Sainte Quarantaine a été instituée en mémoire du jeûne de quarante jours du Seigneur Jésus Christ, tandis que la Semaine Sainte rélate les derniers jours de Sa vie terrestre, Sa Passion, Sa mort et Sa mise au tombeau. La durée totale du Grand Carême, y compris la Semaine Sainte, est de 48 jours. Cette année, le Carême et la Semaine Sainte prendront fin le 19 avril, et au matin du 20 avril, nous proclamerons avec joie : « Le Christ est ressuscité ! »
Le soir du 2 mars, le Grand Carême « entre pleinement dans ses droits liturgiques » à travers des hymnes empreints de componction et des textes riches de sens, qui nous accompagneront tout au long de cette période de repentir et de lutte contre les passions. C’est pourquoi, ce soir-là, se déroule un office particulier – les vêpres avec le rite du pardon –, durant lequel les fidèles se demandent mutuellement pardon afin d’aborder le chemin du Grand Carême dans la paix, la piété et la dignité, en vue de la préparation à la Pâque.
La première semaine du Grand Carême (du 3 au 9 mars) se distingue par une rigueur particulière et par la longueur des offices.
Durant les quatre premiers jours (lundi, mardi, mercredi et jeudi), le Grand Canon de saint André, archevêque de Crète, est lu lors des grandes complies du soir. Les fidèles s’efforcent généralement de ne pas manquer ces offices, dont le point culminant est la lecture de cet impressionnant Canon pénitentiel.
Les mercredis et vendredis du Grand Carême, la Liturgie des Dons Présanctifiés est célébrée. Selon la tradition ecclésiale, les liturgies habituelles ne sont pas prévues en semaine pendant le Carême, car la Divine Liturgie est en soi une fête joyeuse. Cependant, pour soutenir spirituellement les fidèles, l’Église a institué la Liturgie des Dons Présanctifiés – un office où les chrétiens peuvent communier aux Saints Mystères du Christ consacrés préalablement.
Le vendredi de la première semaine (le 7 mars), après la Liturgie des Dons Présanctifiés, a lieu la bénédiction du kolyvo, c’est-à-dire du blé bouilli avec du miel, en mémoire de saint Théodore le Tiron, qui a miraculeusement aidé les chrétiens à ne pas rompre le jeûne. En 362, il apparut à Eudoxius, évêque d’Antioche, et lui demanda d’avertir les chrétiens de ne pas acheter de la nourriture souillée par du sang sacrificiel païen sur ordre de l’empereur Julien l’Apostat, mais de ne consommer que du kolyvo (du blé bouilli).
Le premier dimanche du Grand Carême (9 mars) est consacré à la fête du Triomphe de l’Orthodoxie, instituée en 842 sous le règne de l’impératrice Théodora, en mémoire de la restauration du culte des saintes icônes. À la fin de la liturgie, un office de prière est célébré au centre de l’église, devant les icônes du Sauveur et de la Mère de Dieu. Les fidèles prient alors pour le raffermissement des chrétiens orthodoxes dans la foi et pour la conversion de ceux qui se sont éloignés de l’Église.
Il est particulièrement bénéfique de participer aux premiers offices du Carême, notamment à la lecture du Grand Canon pénitentiel de saint André de Crète. Ce texte grandiose, à la fois poétique et théologique, donne le ton à toute la période du Carême, dès ses premiers vers : « D’où commencerai-je à pleurer les œuvres de ma misérable vie ? Quelle sera la première parole de mon repentir, ô Christ ? »
Le Grand Canon parle du repentir de l’âme et du difficile chemin de retour vers le Père céleste. Il comprend environ 250 tropaires (textes) et se distingue par sa profondeur spirituelle et sa richesse poétique. C’est pourquoi, selon la tradition actuelle, il est lu en plusieurs parties lors des offices : le lundi, mardi, mercredi et jeudi de la première semaine, ainsi que dans son intégralité le jeudi de la cinquième semaine du Carême.
Que cette période du Grand Carême soit bénéfique pour nos âmes ! Efforçons-nous de la vivre en communion avec l’Église, en empruntant le chemin du repentir, en participant aussi souvent que possible aux offices et aux Saints Mystères !