Cathédrale de la Sainte-Trinité
DIOCÈSE DE CHERSONÈSE. Église ORTHODOXE RUSSE. PATRIARCAT DE MOSCOU
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DÉBUT DU JEÛNE DE LA DORMITION

13 août 2025 Actualités Annonces

Le jeûne de la Dormition occupe une place singulière parmi les quatre carêmes orthodoxes. Il s’apparente à un bref, mais parfumé, sentier qui mène de la chaleur estivale aux prémices dorées de l’automne, du mystère de la Croix du Seigneur à la célébration de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu. Ce jeûne n’est pas seulement une privation de nourriture, mais un temps où l’âme du croyant, telle une graine mûrie sous le soleil d’août, se prépare à la rencontre de celle qui est devenue la Reine des Cieux.

D’une durée de seulement deux semaines, du 14 au 27 août, ce carême se rapproche par sa rigueur de celui de Pâques. Il s’achève par la grande fête de la Dormition de la Mère de Dieu (le 28 août). Les règles strictes exigent non seulement de s’abstenir de viande et de produits laitiers, mais aussi de poisson, à l’exception d’un seul jour : la fête de la Transfiguration du Seigneur.

Le carême de la Dormition est marqué par une série de fêtes dédiées au Sauveur, appelées communément les trois « Spas » (Sauveur) :

  • 14 août – Procession des Vénérables Croix Vivifiantes du Seigneur (le Spas du miel) : en ce jour, les fidèles apportent traditionnellement leur miel à l’église. Ce n’est pas une simple coutume, mais une tradition à la signification spirituelle particulière : en offrant à Dieu les prémices de leur labeur, l’homme le remercie pour les dons de la nature et lui demande de sanctifier sa vie.
  • 19 août – Transfiguration du Seigneur (le Spas des pommes) : durant cette fête, la coutume est d’apporter à l’église les premiers fruits de la nouvelle récolte pour qu’ils soient bénis. En Russie, où les pommes étaient le fruit le plus accessible et le plus mûr à cette période, elles sont devenues le symbole de la bénédiction divine.
  • 29 août – Transfert de l’image d’Édesse à Constantinople (le Spas des noix) : selon la tradition, les noix sont bénies en ce jour, clôturant la série des bénédictions estivales et résumant les grâces de l’été qui s’achève.

Des mentions historiques du jeûne de la Dormition se trouvent dès le IXe siècle, et sa durée de deux semaines fut définitivement établie par le concile de Constantinople en 1166. La fête de la Dormition elle-même, l’une des plus vénérées dans l’Orthodoxie, ne repose pas sur les Évangiles, mais sur la Tradition orale de l’Église. On estime que cet événement, qui annonce le passage de la Mère de Dieu de la vie terrestre à la vie éternelle, a été décrit dans les premiers textes apocryphes, puis a servi de base aux chants liturgiques.

Le jeûne de la Dormition est un temps de travail intérieur profond, de prière et de repentir. C’est une période courte mais intense, durant laquelle chaque croyant peut, en suivant la Mère de Dieu, apporter son propre fruit – le fruit d’un cœur pur et d’une âme renouvelée – au trône du Très-Haut. C’est ce qu’affirme Saint Syméon de Thessalonique (fin du XIVe siècle – 1429) : « Le jeûne d’août (de la Dormition) a été institué en l’honneur de la Mère du Verbe de Dieu, qui, ayant appris son trépas, s’est toujours consacrée au jeûne pour nous, bien que, sainte et immaculée, elle n’en eût pas besoin ; elle a prié pour nous avec une ferveur particulière lorsqu’elle s’apprêtait à passer de cette vie à la vie future et que son âme bénie allait, par l’Esprit divin, s’unir à son Fils. C’est pourquoi nous devons, nous aussi, jeûner et chanter ses louanges, en imitant sa vie et en la poussant ainsi à prier pour nous. Certains, cependant, disent que ce jeûne a été institué en raison de deux fêtes, à savoir la Transfiguration et la Dormition. Et moi aussi, je pense qu’il est nécessaire de commémorer ces deux fêtes, l’une nous apportant la sanctification, et l’autre la réconciliation et l’intercession pour nous. »

Dans un sermon prononcé vers 450, Saint Léon le Grand offre ces réflexions sur le cycle annuel des jeûnes : « Les jeûnes de l’Église sont répartis sur l’année de telle sorte qu’à chaque saison, une loi particulière de l’abstinence est prescrite. Ainsi, pour le printemps, le carême de la Sainte Quarantaine ; pour l’été, le jeûne de la Pentecôte (le jeûne des Apôtres) ; pour l’automne, le jeûne du septième mois (de la Dormition) ; et pour l’hiver, le jeûne de l’Avent (du Noël). »

Nous vous souhaitons un saint et fructueux jeûne de la Dormition !