POURQUOI NOUS FÊTONS LA TRANSFIGURATION DU CHRIST EN AOÛT?

Ce soir et demain pendant la Liturgie, dans nos églises résonneront des chants et des hymnes célébrant la Transfiguration de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ sur le mont Thabor.
Mais pourquoi, au juste, l’Église commémore-t-elle cette fête le 6/19 août ?
Excellente question ! Car on sait pertinemment que la Transfiguration dans les Évangiles a eu lieu quelques semaines avant la Pâque juive, au printemps. Alors, pourquoi août ? Pourquoi pas pendant le Grand Carême ? Pas d’explication plausible, malheureusement. Mais essayons de soulever un coin du voile de l’histoire et de réfléchir à ce choix étonnant de nos ancêtres !
Quand elle est instaurée ?
Les historiens de l’Église l’affirment : la fête de la Transfiguration est née dans l’Église de Jérusalem entre les Vᵉ et VIIᵉ siècles. De là, elle s’est répandue dans tout le monde chrétien.
Mais quel rapport avec les Arméniens ?
À première vue, aucun ! Et pourtant… Une tradition raconte que c’est saint Grégoire l’Illuminateur, l’apôtre de l’Arménie, qui aurait instauré cette fête. Il aurait fixé la commémoration de la Transfiguration le jour même où le peuple, encore plongé dans les ténèbres du paganisme, célébrait une fête estivale appelée « Vardavar » (qui signifie « arroser d’eau » en hittite). Et si c’était pour cela qu’aujourd’hui, nous bénissons les fruits de la nouvelle récolte avec de l’eau sainte ? Très vite, comme souvent, le sens chrétien a remplacé le contenu païen. La fête a été « sanctifiée », devenant une louange non plus adressée à des idoles de pierre, mais à la pierre angulaire – le Christ Sauveur.
Y-a-t-il une autre explication ?
En effet. Il existe une autre version, « palestinienne », pour expliquer la date d’août. À l’époque du Second Temple, certains juifs suivaient un calendrier particulier : leurs fêtes s’enchaînaient en une série de « pentecôtes ». Par exemple, 7 semaines après la Pentecôte juive (elle-même célébrée 50 jours après Pâque), ces hébreux organisaient à nouveau des prières solennelles, remerciant Dieu pour le vin nouveau. Ça ne vous rappelle rien ? Exactement ! C’est encore aujourd’hui à la Transfiguration que l’Église bénit le raisin – le premier fruit de la nouvelle récolte. Car Jésus-Christ est la Vraie Vigne (Jean 15), dont nous nous nourrissons.
Pourquoi associer la vigne et le raisin au Christ ?
Les Pères de l’Église y voyaient en effet une image du Christ : la vigne donne vie aux raisins → le Christ nous nourrit de Sa grâce; le vin naît du pressurage du raisin → le Sang du Christ est versé pour nous; les grappes mûrissent au soleil → nos âmes mûrissent, elles aussi, grâce à la lumière du Thabor.
Que signifie cette fête pour nous ?
La Transfiguration, ce n’est pas juste un souvenir d’un événement d’autrefois. C’est un appel pour chacun de nous : sortir des ténèbres du quotidien, monter sur la montagne avec les apôtres et contempler la Lumière du Christ.
Et quand nous apportons du raisin à l’église, c’est le symbole de notre âme aspirant à mûrir en Dieu que nous apportons dans la maison de Dieu.
Chers frères et sœurs, honorons cette fête avec joie et ferveur. Que chaque grappe bénie nous rappelle la Vigne céleste, le Sang du Christ, la joie du Royaume de Dieu. Que la lumière du Thabor illumine notre vie, la transformant de l’intérieur.
Car la Transfiguration, ce n’est pas que du passé.
C’est notre présent et notre avenir, notre espérance et notre vocation !
Bonne fête à tous !