Cathédrale de la Sainte-Trinité
DIOCÈSE DE CHERSONÈSE. Église ORTHODOXE RUSSE. PATRIARCAT DE MOSCOU
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Mariage

Le mariage : un sens.

Dans l’Eglise, le mariage est un sacrement.

Un sacrement est toujours une action particulière du Saint Esprit lui-même conformément à une promesse exprimée par le Christ, rapportée dans l’Evangile. Parlant du mariage, Jésus réactualise la parole de Dieu formulée dans l’Ancien Testament : « l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair »(Mt. 19,5). Dans le langage biblique, « chair » ne désigne pas seulement le corps, mais l’être humain tout entier. Ainsi, une réalité nouvelle est inaugurée dans le mariage. Initiée dans la rencontre et l’amour de deux êtres humains, scellée par leur engagement, la réalité de ce monde est transformée, sanctifiée et recréée par le Saint Esprit, pour que « les deux deviennent un seul être », vivant et agissant en deux personnes.

« Ce mystère est grand » dit saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens, lue pendant l’office, et il donne la clé pour en comprendre le sens en ajoutant : « il s’applique au Christ et à l’Eglise » Eph. 5,32.

Le prototype du mariage est donc l’union du Christ et de son Eglise, l’union de Dieu et de l’homme. Quand dans l’Ancien Testament, Dieu prend le peuple élu pour sa fiancée (Cantique des Cantiques), cet amour de Dieu pour son peuple préfigure l’amour sans limite du Christ pour sa fiancée, l’Eglise. C’est cet amour unique du Christ qui devient le modèle pour la vie humaine en général et pour le mariage en particulier.

Un mariage ouvert à la présence quotidienne de Dieu rend caduque les habituelles normes culturelles de « compatibilité » ou de « réussite » dans le mariage. Dans la même lettre aux Ephésiens, l’apôtre parle d’amour qui induit discrétion, service et sacrifice. Dans notre société occupée de satisfactions et de pouvoirs, ces qualités semblent obsolètes. Mais quand l’on considère encore une fois les relations tissées dans les fiançailles du Christ et de l’Eglise, on comprends que la voie tracée par l’Evangile est celle qui constitue le seul « guide pratique » du mariage pour le mari et la femme. Car c’est dans le service « à l’image de celui du Christ » qu’un amour faible et humain devient un amour fort, saint et éternel.

Les prières et demandes de l’office nous révèlent un autre aspect du mariage : deux personnes sont unies non pour leur seul bonheur mutuel, mais elles forment l’embryon d’une communauté nouvelle, l’Eglise de la famille. C’est pourquoi le mariage chrétien n’est jamais une affaire privée et la présence de la parenté et des amis (et symboliquement de l’Eglise entière), est une image de ce que la vie dans le mariage doit être : ouverture et partage quotidien, et, si Dieu le veut, continuation de la vie et de l’amour dans la procréation.

En entendant les paroles des prières, soyons attentifs au noms souvent répétés des grands personnages bibliques qui ont été les témoins de la foi avant le couple d’aujourd’hui : Abraham et Sarah, Isaac et Rebecca, Jacob et Rachel, Zacharie et Elisabeth, Joachim et Anne… Ce sont les Pères et les Mères qui se sont réjouis de la bénédiction que Dieu leur a donnée. Ils sont les ancêtres de notre communauté, l’Eglise, et leur héritage de foi est aujourd’hui renouvelé en N et N.

Pour les autres Sacrements de l’Église voir ici.

Le mariage : une liturgie.

Le rite du mariage orthodoxe est constitué de deux parties : l’engagement ou les fiançailles et le Couronnement.

Le fiancé entre dans l’église précédé de l’icône du Christ et la fiancée précédée de l’icône de Marie, la Mère de Dieu. Les deux icônes sont déposées sur le lutrin. Ce rite se rapporte à ce qui a été dit plus haut sur l’archétype du mariage, Marie étant la figure de l’Eglise.

Les fiançailles ont lieu à l’entrée de l’église. Leur moment principal est l’échange des alliances.

Le prêtre bénit les fiancés et leur remet à chacun un cierge allumé. La flamme lumineuse des cierges a une triple signification :

  • la réminiscence de ce qui était au commencement : « que la lumière soit ». Le mariage est le commencement d’une création nouvelle.
  • L’image de l’amour, don de soi qui réchauffe et éclaire en se consumant.
  • Un rappel des langues de feu de la pentecôte : les fiancés sont dans l’attente de la grâce du Saint Esprit qui va agir.

Le prêtre bénit le fiancé avec l’anneau de la fiancée. Il le lui passe à la main droite. Il fait de même avec la fiancée. Le témoin échange alors les alliances. Cet acte central de ce rite est le rappel du gage d’amour que les futurs époux se donnent l’un à l’autre, comme le Christ a échangé sa vie avec celle de l’Eglise. Les anneaux représentent également, de part leur forme même, un rappel de la pérennité de l’amour. Leur forme, un cercle, indique qu’il est comme l’éternité : il n’a pas de fin.

Précédés du prêtre, les fiancés se rapprochent ensuite du lutrin avec leurs cierges allumés au chant du psaume 127 (128) dans lequel sont évoqués les dons de Dieu envoyés aux époux :

« Bienheureux ceux qui craignent le Seigneur et marchent dans ses voies…

Tu te nourriras du fruit de ton labeur,

Tu seras bienheureux et comblé de biens,

Ton épouse sera comme une vigne féconde à l’intérieur de ta maison,

Tes fils seront comme des plants d’olivier autour de ta table… »

Le rite du Couronnement commence après l’échange des consentements.

Il débute par la litanie universelle suivie des trois grandes prières qui font références aux grands couples de la Bible qui ont été cités plus haut.

Suit le couronnement des époux et le chant du verset 4 du psaume 20 (21) : « Tu as mis sur leur têtes des couronnes de pierres précieuses, ils t’ont demandé la vie et tu le leur a donnée ! »

L’officiant pose les couronnes en s’exclamant : « Seigneur notre Dieu, de Gloire et d’honneur couronne-les ». Plus qu’un symbole extérieur, les couronnes expriment la grâce conférée par le sacrement :

  • Couronnes de joie. Chacun des deux époux est « couronné » par l’autre, dans la perspective des « deux  » qui ne font plus qu’ »un ».
  • Couronnes royales : le nouveau couple est comme le couple initial et l’inauguration d’une nouvelle lignée.
  • Couronnes des martyrs. En grec martyr veut dire témoin. Comme les martyrs ont été fidèles à Dieu jusqu’au bout, les époux sont appelés à être fidèles à Lui et à leur amour réciproque.

Suivent les lectures de l’épître et de l’évangile.

L’épître est celle de Saint Paul aux Ephésiens dont nous avons parlé plus haut. La place centrale de ce texte est occupée par le symbolisme, toujours,  du Christ et de l’Eglise. Une belle description des devoirs des époux l’un envers l’autre.

« Frères, en tout temps et pour toutes choses, rendez grâces à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ. Soyez soumis les uns aux autres, dans la crainte de Dieu. Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur, car le mari est chef de la femme, comme le Christ est chef de l’Église, ce corps dont il est le sauveur. Et, comme l’Église est soumise au Christ, les femmes le soient aussi en tout à leurs maris ! Que les maris aiment leurs femmes, comme le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier. Lui faisant prendre un bain, il l’a purifiée par l’eau et la parole, afin de se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée. De même les maris doivent aimer leurs femmes, comme leurs propres corps. Aimer sa femme, n’est-ce pas s’aimer soi-même ? Or nul n’a jamais haï sa propre chair : on la nourrit au contraire, on en prend soin. Et c’est ainsi que fait le Christ pour son Église, car nous sommes les membres de son corps, formés de sa chair et de ses os. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, pour s’attacher à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’une seule chair. Ce mystère est de grande portée, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. Bref, que chacun de vous aime sa femme comme soi-même et que la femme respecte son mari »

L’évangile est celui du miracle de l’eau changée en vin d’une haute qualité aux noces de Cana. L’eau, incolore et sans saveur est l’élément de la vie quotidienne. Le vin est l’élément de la joie, de la nouveauté et de la fête Le sens en est qu’avec le Christ, tout ce qui pourrait à l’usure devenir sans saveur peut toujours être renouvelé, devenir meilleur et de haute qualité. Ici, le vin symbolise l’amour.

« En ce temps-là, il y eut des noces à Cana de Galilée ; et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité aux noces avec ses disciples. Et, lorsque le vin fut épuisé, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin ! Jésus lui répondit : Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ! Sa mère dit aux serviteurs : Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! Il y avait là six jarres de pierre destinées aux ablutions rituelles des Juifs : elles contenaient chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : Remplissez les jarres avec de l’eau ! Et ils les remplirent jusqu’au bord. Ensuite il leur dit : Puisez maintenant et portez-en au maître du repas ! Ils lui en portèrent ; et, lorsque le maître du repas eut goûté l’eau changée en vin, ne sachant d’où il venait — tandis que les serviteurs le savaient bien, ayant eux-mêmes puisé l’eau — il appela le marié et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont gais, le moins bon ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ! Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il rendit manifeste sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Litanie de demande pour les époux et l’assemblée et le Notre Père

Partage de la coupe commune

Les époux boivent par trois fois le vin qui leur est présenté par le prêtre dans une coupe.

Boire avec humilité le breuvage de la vie. Avec fidélité et jusqu’au bout, le meilleur et le pire, nos chagrins et nos joies.

La coupe rappelle également la communion eucharistique an laquelle les époux renouvellent toujours leur amour.

Le triple tour du lutrin

Le célébrant lie les mains des époux et les conduit par trois fois autour du lutrin sur lequel sont posés l’Evangile, la Croix et leurs icônes.

Les époux dessinent alors le parcours de leur vie commune autour du Christ, qui ouvre sur l’éternité.

Dépose des couronnes

En invoquant les grandes figures de la Bible évoqués plus haut, le prêtre prie pour que ces couronnes soient reçues dans le Royaume céleste :

« Sois magnifié comme Abraham, sois béni comme Isaac, multiplie-toi comme Jacob, va en paix et agis selon les commandements de Dieu.

Et toi, épouse, sois magnifiée comme Sara, réjouis-toi comme Rebecca, multiplie-toi comme Rachel, en te réjouissant de ton mari et en gardant les préceptes de la Loi, car telle est la volonté de Dieu. »

Prière finale et bénédiction.